"L’autre, Commentaire, est très austère. Ce numéro se penche sur la question de la démocratie, avec un excellent papier du philosophe Pierre-Henri Tavoillot, et un autre de Philippe Reynaud sur le chiraquisme. "
"Peut-être faut-il ajouter à cette horrible manifestation dont Jean-Louis parle la séance au Parlement européen. C’était très beau d’entendre ces députés entonner le Auld Lang Syne en se tenant par la main, mais c’était aussi déprimant. Cela m’a donné le sentiment de vivre dans un monde où nous ne sommes doués que pour une seule chose : les marches blanches. Pour ce qui est de prendre son deuil, nous sommes très forts. "
"Je voudrais simplement exprimer mon désarroi devant les festivités londoniennes de vendredi à propos du Brexit. J’ai une ami dont le jeune fils (environ 10 ans) regardait les émissions sur le Brexit et a fondu en larmes pendant une heure, simplement parce qu’il a vu une tête de mort sur le drapeau européen, a senti une hostilité très profonde à l’encontre des Français Le journaliste de l’émission qu’il regardait, sur CNews (et à laquelle je participais) s’est fait taper dessus parce qu’il était Français, au moment de prendre l’antenne. C’est très impressionnant de voir cette charge d’hostilité. L’idée même de fêter un divorce ne viendrait à personne. Il y avait là une dimension humaine très profondément angoissante et tragique. Je crois qu’heureusement, ces comportements restent très minoritaires au Royaume-Uni ; je n’ai jamais vu plus intelligent qu’un Anglais pro-européen, et on a vu à cette occasion quel désastre était un Anglais anti-Européen. "
"C’est un livre en anglais. On connaissait le Brexit, mais j’ai pour ma part découvert ce qu’était le Brentry. Il faut se rappeler qu’avant d’entrer dans l’UE, le Royaume-Uni a dû frapper trois fois à la porte. Dans une perspective historique, Kevin O’Rourke montre pourquoi il y avait dans cette entrée les germes de ce qu’on a pu attribuer ensuite au résultat du referendum. "
"Quant à moi c’est sur Paris que je m’attarderai. Je confesse avoir pris plaisir à la lecture du petit livre de Benoit Duteurtre, Les dents de la maire, dont le sous-titre est « souffrances d’un piéton de Paris ». Appartenant moi-même à cette catégorie du piéton innocent, subissant la dictature du vélocipède, de l’agressivité de la trottinette, de l’omniprésence des barrières grises, j’ai beaucoup sympathisé avec ce livre, avec lequel je me suis senti tout à fait en phase. C’est un recueil de chroniques, pas tout à fait tendre avec la maire sortante, qui apparaît dans un certain nombre de cauchemars qui viennent hanter les nuits de l’auteur. C’est écrit avec esprit, avec verve, le livre fait preuve de beaucoup de bon sens, et il exprime beaucoup des sentiments que je ressens en me promenant dans Paris par les temps qui courent. "
"Je vais rester sur le sujet de la Chine, car j’ai vu un film qui ne va sans doute plus durer très longtemps, c’est pourquoi je tenais à le signaler. C’est « séjour dans les monts Fuchun ». C’est un film magnifique, très long, il s’agit du destin d’une famille, dont la vie s’écoule au rythme des saisons, avec des images des paysages chinois assez remarquables, le long d’un fleuve. C’est à la fois la Chine contemporaine avec ses contradictions, mais aussi toute ces traditions familiales et culturelles. C’est le premier film du réalisateur Gu Xiaogang. C’est le premier volet de ce qui devrait être une trilogie. J’attends la suite avec impatience."
"Je recommanderai aujourd’hui deux revues, très différentes. La première est Books, très joliment et richement illustrée. Il y a plusieurs thèmes, mais le principal est l’enfer. "