"Antoine Rufenacht nous a quittés cette semaine. Ancien maire du Havre, ancien président de la région Haute-Normandie. C’était un homme politique, je veux dire par là que quand il s’est lancé dans la politique après avoir brillamment réussi dans les affaires, il savait pourquoi. Il avait une certaine de sa région, et de ce que sa ville pouvait et devait être. Il y a réussi, avec obstination, il lui a fallu quatre tentatives pour être maire, mais à peine l’a-t-il été qu’il n’a pas perdu son temps : le port du Havre, le musée Malraux, la reconnaissance de l’œuvre d’Auguste Perret ... Pour pouvoir mener à bien ses projets pour Le Havre, il a tourné le dos à une carrière politique nationale. Il était pince-sans-rire, peu démonstratif dans ses manifestations de camaraderie ou d’amitié. C’était un homme fin, drôle, et qui a fait ce que tant de politiciens n font pas : il avait préparé sa succession. Après avoir confié Le Havre à Edouard Philippe, il a su garder leurs désaccords pour la sphère privée. Une histoire drôle à son propos. Il a été président de la région avec deux voix d’avance. Son concurrent était Laurent Fabius, qui ayant mal pris son échec, avait déclaré :« les deux voix avec lesquelles Antoine Rufenacht a été élu ne peuvent que venir du Front National ». On apprit par la suite que les deux voix en question venaient du Parti Communiste, qui préféraient de loin avoir affaire à un adversaire politique qu’à un ami politique ..."