"Je voulais rendre hommage à Daniel Cordier, qui vient de s’éteindre à 100 ans. Il eut un destin extraordinaire, fait de quatre vies. La première fut placée sous le signe de l’extrême-droite, avec l’influence de son beau-père antisémite. Au moment de la débâcle, Cordier décide de rejoindre Londres, et de s’engager dans les services du BCRA. Il sera le secrétaire de Jean Moulin avec qui il organisera la résistance et créera le CNR. Il contribuera aussi après la guerre à réorganiser les services secrets mais démissionnera quand de Gaulle quitte le pouvoir en 1946. Sa troisième vie fut consacrée à l’art moderne puisqu’il fut un galeriste important. Sa quatrième vie, inattendue, est celle d’un historien. Cette occupation se décide sur un coup de sang, quand Henri Frenay accuse Moulin d’avoir été un agent communiste. Cordier, l’un des grands témoins de la période, va se muer en un historien dont la compétence et le sérieux forceront le respect des professionnels, en publiant sa série Jean Moulin : L’inconnu du Panthéon. Daniel Cordier était l’avant-dernier Compagnon de la Libération, il n’en reste plus qu’un : Hubert Germain, qu’il convient de saluer. "