"Je voudrais vous faire part d’une expérience que j’ai vécue à la Commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée Nationale. Nous avons reçu mercredi dernier le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, le gynécologue connu comme le « réparateur des femmes » à Panzi, à l’Est du Congo, tout près de la frontière rwandaise. Il a organisé la prise en charge des femmes victimes de crimes sexuels, de viols notamment. Dans mon métier, on voit pas mal de crétins, de lâches, ou de gens un peu douteux. Il est rare de voir une personnalité aussi forte moralement, cohérente intellectuellement, et déterminée à faire le bien. J’ai été très impressionné. Son discours est assez simple : les viols ne sont absolument pas des « débordements », mais des actions organisées et systématiques, d’une efficacité redoutable dans la destruction des corps sociaux. Le docteur Mukwege a une approche systémique, reposant sur quatre piliers : le soin physique, le soin psychologique, les solutions économiques, et les solutions politiques et juridiques. Il insiste sur un point : si l’on ne punit pas ces crimes, on ne permet pas à ces peuples martyrisés de se reconstruire, et ils restent enfermés dans la honte. La punition est un élément essentiel de la reconquête de leur identité. C’est un message que l’Assemblée Nationale s’est engagée à relayer à l’ONU. "