"J’attire votre attention sur ce livre récemment publié. Il est signé de Jean Picq, magistrat de la cour des comptes et professeur à Sciences Po, où son cours portait sur l’Etat. C’est une réflexion sur la République que je vous soumets aujourd’hui, car il me semble très important de savoir ce que nous avons en commun : la République, et non pas ce que Sieyès appelait par opposition la « Re totale ». C’est la réflexion d’un homme modéré, politiquement au centre, d’un catholique attaché à la laïcité, et qui nous donne de la République une idée ouverte de trois manières. D’une part elle n’est pas simplement nationale, et le livre montre tout ce qu’elle doit à la tradition américaine, à la tradition néerlandaise et à la tradition anglaise. D’autre part, il déconnecte la République de la Révolution française. C’est une idée qui m’est chère, que j’avais trouvée chez François Furet : la vraie République s’est construite sur la négation de la fureur révolutionnaire, dans les années 1870-1880. La troisième ouverture est sur l’Europe. Picq est de ceux qui ne posent pas comme antinomiques l’organisation de la cité nationale et de l’organisation de la cité européenne."