"Maître Éolas, pénaliste affûté, suivi sur Twitter par plus de 360 000 abonnés, pédagogue limpide, railleur et ferrailleur, la liberté comme une fleur à la bouche m’a naguère fait lire « Au Guet-Apens » de son confrère lillois maître Mô. A peine ce livre terminé, j’avais dit aux auditeurs du Nouvel Esprit public à quel point j’avais été touché par ces récits brefs, denses et fraternels de l’ordinaire d’un avocat au pénal. Maître Mô, Jean-Yves Moyart, est mort en février dernier à 53 ans. Son confrère Éric Morain annonça cette perte en écrivant « Il y a les élégants, les talentueux, les généreux, les fêtards, les courageux, les fêlés laissant passer la lumière, mais je n’ai connu aucun autre avocat qui soit tout cela à la fois ». Et Pascale Robert-Diard, l’une des plumes qui donnerait envie d’être journaliste, saluait ainsi sa mémoire dans Le Monde : « Un colosse fragile qui se consumait pour ceux qu’il défendait, portait la peine des autres et ne riait que de lui. Un avocat bienveillant et ce n’est pas un oxymore ». Les quelques 70 000 personnes qui suivait maître Mô sur Twitter ont perdu – beaucoup l’ont écrit - un homme qui les tirait vers le meilleur d’eux-mêmes. « Au Guet-apens » et d’autres textes sont réédités aujourd’hui aux Arènes sous le titre « Le Livre de Maître Mô ». Je l’ai relu avec la même émotion, celle qui nait de la compagnie d’un homme intranquille, à qui rien de ce qui est humain n’était étranger."