Les brèves

La revanche des passions : métamorphoses de la violence et crises du politique

Nicolas Baverez, créée le 09-12-2018

"Je voulais rendre hommage à Pierre Hassner qui nous a quitté cette année et vous inciter à lire son dernier livre qui est La revanche des passions. J’ajouterai que la marque de Pierre Hassner est qu’il donnait un éclairage philosophique à la politique et au système international. Ce dont nous parlons aujourd’hui et ce qu’il analyse c’est la fin de ce que nous avons cru être le monde de Kant et de Locke à partir de la chute de l’Union soviétique et au début du 21ème siècle et le retour à un monde qui est le monde de Hobbes, celui des États, le monde de Nietzsche, celui des identités, le monde de Marx, celui de la lutte des classes et enfin le monde de Weber, celui de la guerre des dieux. C’est un monde qui est dominé par la peur et comme le disait Roosevelt dans son discours du New Deal : « la seule chose dont nous devrions avoir peur c’est la peur elle-même ». "


L'Europe. Encyclopédie historique

Jean-Louis Bourlanges, créée le 09-12-2018

"Je voudrai recommander un dictionnaire sur l’Europe qui est paru chez Actes sud : L’Europe, encyclopédie historique. C’est un dictionnaire établi sous la direction de deux très grands historiens : Christophe Charles et Daniel Roche. Je crois que c’est intéressant car je ne suis pas à mon premier dictionnaire sur l’Europe et le plus souvent on y trouve « subsidiarité », « commission », « directive » etc. Là pas du tout : on a le passé charnel, l’Europe est une terre charnelle et Daniel Roche est un grand historien de la vie quotidienne, des vêtements etc. Si l’on veut retrouver ce qu’est l’Europe et notre bien commun je pense qu’il est très intéressant de se ressourcer dans cette encyclopédie historique plutôt que dans le 90ème sommet de la dernière chance. "


Quand le Sud réinvente le monde. Essai sur la puissance de la faiblesse

Nicole Gnesotto, créée le 04-12-2018

"Je voudrai parler du dernier livre de Bertrand Badie : Quand le sud réinvente le monde. Essai sur la puissance de la faiblesse (La Découverte). Bertrand Badie est un personnage controversé en France, c’est un grand professeur de sciences politiques aujourd’hui émérite à Sciences po. Il est spécialiste des relations internationales et a une pensée différentes, presque hérétique par rapport à la doxa officielle, occidentale, qui est spécialisé sur ce qu’il appel la réinvention du sud. J’avais eu je crois déjà l’occasion de son précédant ouvrage, Nous ne sommes plus seuls au monde. Il met en valeur deux points très importants : 1/ que l’Occident n’est plus en capacité de maîtrise monopolistique de l’évolution du monde et qu’il y a l’irruption du sud avec une conception différente du système international ; 2/ l’importance des questions sociales dans les relations internationales. Cela fait longtemps qu’il mène ses recherches et aujourd’hui on voit très bien que la démographie, les réfugiés, les migrations, les inégalités sont les thèmes majeurs de conflictualité. "


Le prix de la démocratie.

Marc-Olivier Padis, créée le 04-12-2018

"Julia Cagé publie un livre chez Fayard : Le prix de la démocratie. C’est la première étude systématique sur le financement de la vie politique et ses effets en termes d’influence par les gens qui ont les moyens de financer la vie politique. Évidemment nous ne sommes pas dans la situation très particulière des États-Unis où l’argent pèse d’un poids extraordinaire sur les choix politiques (surtout depuis que la Cour suprême a fait sauter les plafonds de financement) mais on voit bien dans le mouvement des gilets jaunes qu’il y a ce type de tentation de dire que la démocratie coûte trop chère : les députés coûtent trop cher, il faut supprimer cela etc. C’est une étude qui va au fond des choses et surtout qui fait des propositions pour que les citoyens aient une voix véritablement égale dans les choix politiques. "


Voyages à travers le cinéma français. La série

Philippe Meyer, créée le 04-12-2018

"Bertrand Tavernier a réalisé, c’est sorti dans les salles il y a un peu plus d’un an maintenant, un Voyage à travers le cinéma français qui a eu un accueil extrêmement favorable et viennent de sortir en DVD les 8 épisodes supplémentaires qu’il a réalisés sous la forme de 8 émission diffusées tardivement, et fort mal annoncées, par le service public en l’occurrence France 5. Ces 8 prolongements, ces 8 développements, ces 8 jubilations partagées d’un cinéphile au combien connaisseur sont désormais disponibles en DVD ce qui, pour les gens qui sont à court d’imagination pour les cadeaux de Noël et même pour ceux qui ne sont pas à court d’imagination, est une excellente nouvelle. "


Colloque Pierre Hassner au Centre Sèvres les 7 et 8 décembre 2018

Jean-Louis Bourlanges, créée le 04-12-2018

"Je voudrais faire une petite annonce : les vendredi 7 et le samedi 8 décembre, Esprit et Commentaire organisent un colloque en hommage à notre grand ami qui nous a quitté il y a quelques mois Pierre Hassner au Centre Sèvres. Il faut s’inscrire sur le site d’Esprit, pour des gens comme moi qui ait rencontré ma femme au séminaire Hassner-Casanova à Sciences po c’est quelque chose qui m’a marqué. J’ai été ensuite camarade d’enseignement à Bologne avec Pierre Hassner. C’est après Raymond Aron la figure la plus éclairante je crois comme analyse de la situation internationale et comme philosophe politique. Il a toujours été d’une modestie excessive et c’est véritablement très important qu’on lui rende hommage. Courez au Centre Sèvres pour rendre hommage à Pierre Hassner. "


Le général de Castelnau

Philippe Meyer, créée le 27-11-2018

"Je pense que l’on aurait pu aussi honorer le général de Castelnau qui aurait du selon Lyautey et selon Gallieni être le responsable suprême des armées françaises mais qui ne l’a pas été car il était catholique et très engagé dans l’Église catholique et parce que les radicaux socialistes ne lui ont pas pardonné d’avoir soutenu la loi des trois ans et que Clémenceau ne lui a pas pardonné son catholicisme affiché. Le général de Castelnau était quelqu’un qui allait au feu, qui était extrêmement soucieux des conditions de vie de ses soldats, il était sur ce plan l’anti Joffre. Le général de Castelnau était donc souvent célébré par ses anciens soldats qui lui prêtaient la formule : « Je vais aux obus ». Alors qu’il était le numéro 2 de l’armée française, trois de ses fils sont morts au front. Aujourd’hui où beaucoup de gens confient à des proches des emplois fictifs peut être il était utile de donner en exemple quelqu’un qui ne se servait pas mais servait. Une autre chose m’enchante chez le général de Castelnau est qu’il a planqué des armes pour la Résistance en 40, il a été immédiatement hostile à l’armistice et ne s’est pas gêné pour l’exprimer. Quand le cardinal Gerlier, d’horrible mémoire, lui a envoyé un émissaire pour lui dire qu’il devrait parler moins en mal du maréchal, le général de Castelnau, du haut de ses 90 ans lui a répondu : « Ah il a une langue votre cardinal, je croyait qu’il l’avait usé à lécher le cul de Pétain ». Pour toutes ces raisons je pense que nous pourrions faire du général de Castelnau un maréchal de France à titre posthume. "


Carnets de Louis Barthas

Philippe Meyer, créée le 27-11-2018

"Je regrette que le Président de la République ait une nouvelle fois regardé exclusivement vers le haut c’est-à-dire vers quelqu’un qui a été reconnu et secrétaire perpétuel de l’Académie française et qu’il n’ait pas pensé à Louis Barthas, le fameux auteur des carnets. Louis Barthas est ce tonnelier qui a fait toute la guerre de septembre 1914 à avril 1918 et dont un professeur de Toulouse a retrouvé tardivement 1 800 pages de carnet écrites à l’encre violette avec une encre de certificat d’étude et qui non seulement donne un aperçu de ce qui a été la vie des poilus et qui est d’une grande sévérité, mais d’une sévérité précise et documentée sur les méthodes de commandement. "


Raboliot

Philippe Meyer, créée le 27-11-2018

"Je commencerai par rappeler que va entrer au Panthéon l’auteur de Raboliot, Maurice Genevoix, tant mieux si cela permet d’attirer vers son œuvre de nouveaux lecteurs, Raboliot est un livre magnifique qui était interdit au collège où j’étais quoiqu’il eût reçu le prix Nobel car ce braconnier qui n’aimait que le désordre et qui avait l’amour du jeu contre les autorités aurait pu nous donner de mauvaises idées. D’ailleurs à propos de collège Maurice Genevoix a écrit un roman de jeunesse qui s’appel L’aventure est en nous dans lequel il décrit de manière impitoyable et précise comme il le fit après dans Ceux de 14 les conditions de vie. "


La citoyenneté. Être (un) citoyen aujourd'hui.

Marc-Olivier Padis, créée le 27-11-2018

"Je recommande la lecture de l’étude annuelle 2018 du Conseil d’État sur la citoyenneté. Le Conseil d’État fait comme chacun sait des rapports sur les politiques publiques et remet chaque année un rapport sur un sujet d’intérêt général. On voit dans ce rapport qu’il existe des formes rénovées de citoyenneté avec une recherche de fraternité qui fait de la citoyenneté un projet de société, qui vise un citoyen actif. On voit bien que c’est cela qui nous manque dans l’épisode des gilets jaunes. Ce volume fait très bien le point, on le trouve sur le site du Conseil d’État. Il y a en annexe une série de comparaisons avec les autres pays de l’UE qui est très utile. "


Le temps de s'en apercevoir

François Bujon de L’Estang, créée le 27-11-2018

"Emmanuel de Waresquiel qui est un de nos meilleurs historiens a consigné dans un petit livre sympathique, Le temps de s’en apercevoir, un certain nombre de réflexions que lui ont inspiré son étude de l’histoire et la contemplation du temps présent. Il a souvent du mal, comme souvent ceux qui aiment l’histoire, à rattacher le temps présent à l’histoire. Il en tire un grand nombre de remarques absolument pertinentes, souvent humoristiques et toujours très bien venues. Je vous en recommande vivement la lecture pour remédier à la morosité actuelle. "


Le foisonnement fiscal, une maladie française

Jean-Louis Bourlanges, créée le 27-11-2018

"Je signale un article paru dans Étvdes en décembre 2017 mais extrêmement utile à la compréhension de ce qui se passe actuellement. L’article est du à madame Véronique Bied-Charreton et s’appel « Le foisonnement fiscal, une maladie française ». Elle analyse parfaitement la pathologie fiscale dont nous souffrons : elle montre de façon très claire que la tentation fiscale est la tentation la plus simple et la plus constante qui assaille nos gouvernants. "