Les brèves

L’Aigle, le Dragon et la crise planétaire

Béatrice Giblin, créée le 07-06-2020

"C’est un ouvrage qui correspond très bien à nos discussions d’aujourd’hui, puisqu’il s’interroge sur la rivalité entre Chine et USA à l’aune des changements climatiques. Les deux puissances connaissent des phénomènes climatiques extrêmes, qui risquent de les pénaliser très fortement, or elles sont les plus grosses productrices de gaz à effet de serre, se livrent à une compétition féroce sur l’accès au ressources, font peser un poids très lourd sur la biodiversité, etc. D’une certaine façon, la course à la puissance de ces deux géants pourrait bien les mener à leur perte. "


L'énigme de la chambre 622

Nicole Gnesotto, créée le 07-06-2020

"Je serai beaucoup plus superficielle, et j’aimerais vous parler du best-seller annoncé de l’été, le quatrième roman de Joël Dicker, d’ores et déjà en tête des listes de vente, premier tirage à 400 000 exemplaires. J’ai un sentiment très ambivalent, et je vous le livre. A la fin des 659 pages, quand vous refermez le livre, vous vous dites : « c’est vraiment nul ». Et pourtant durant toute la lecture se produit un phénomène d’addiction à l’intrigue qui est assez exceptionnel. Au final, je ne sais pas ce qui l’emporte : le plaisir de l’intrigue ou la déception d’avoir perdu son temps pour ce qui est tout, sauf de la littérature. "



Présence des morts

Philippe Meyer, créée le 31-05-2020

"Emmanuel Berl est à la veille d’une opération à laquelle il pourrait ne pas survivre. La pensée de sa mort le conduit à penser à ses disparus et les souvenirs qui remontent à sa mémoire sont déconcertants. Il écrit : « Les morts à la fois m’assaillent et me fuient Ils me ressemblent trop, ils se ressemblent trop peu les uns aux autres. Il y en a trop qui sont trop misérables. La mort leur prend plus que la vie ne leur avait donné. (…) Il me semble que, moi-même j’appelle ceux qui ne peuvent me joindre, comme je suis appelé par eux, et non moins vainement. »"


La part sauvage du monde

Lucile Schmid, créée le 31-05-2020

"Je recommande la lecture de cet ouvrage de la philosophe Virginie Maris, paru en 2018. Pendant le confinement, la Nature a été elle, déconfinée, puisque libre de notre présence. Ce livre développe une conception de l’altérité de la Nature, en montrant sa part de sauvagerie irréductible. Il aide à penser la question de l’écologie différemment. On pense surtout « climat », pense-t-on suffisamment « Nature » ? Ce livre est absolument passionnant et d’une clarté remarquable."


Disparition de Guy Bedos et Jean-Loup Dabadie

Lionel Zinsou, créée le 31-05-2020

"Je voudrais dire mon émotion alors que viennent de nous quitter Jean-Loup Dabadie et Guy Bedos. Pour ma génération, c’est une blessure, on a l’impression que l’humour rebelle, l’impertinence, la liberté de ton ont beaucoup perdu avec ces deux-là. Réécouter les sketches de Guy Bedos bien sûr, mais je voudrais aussi recommander aux gens de lire le discours de réception à l’Académie Française de Xavier Darcos par Jean-Loup Dabadie. C’est un bijou d’humour et de légèreté, avec un soupçon de cruauté et énormément de bienveillance. "


Les Français de l’an 40

Richard Werly, créée le 31-05-2020

"En temps normal, c'est à dire si le Covid n'avait pas bouleversé nos vies, la presse et les librairies focaliseraient sans doute sur le 80mème anniversaire de la débâcle française de 1940. Une suggestion de lecture parmi tant d'autres sur ces jours historiques : «1940, de l'abîme à l'espérance» de Max Gallo et surtout les deux tomes de Jean Louis Crémieux-Brilhac, désormais disponibles en poche sur «les francais de l'an 40». Avec ce slogan francais de la drôle de guerre qui démarre son chapitre premier : «Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts....» Sans commentaire ..."


Notes from New York

François Bujon de L’Estang, créée le 24-05-2020

"Je voulais vous dire un mot de jazz, qui peut être un réconfort dans ces périodes de souci. Je vous recommande un pianiste, véritable figure de la vie new-yorkaise depuis déjà une bonne vingtaine d’années. Il s’appelle Bill Charlap, est très peu connu en France. Son jeu est assez traditionnel, il joue beaucoup les standards sans chercher à innover de façon spectaculaire. Il cultive le bon répertoire, et joue beaucoup en trio, avec ses deux complices, le bassiste Peter Washington, et le batteur Kenny Washington (sans liens de parenté). Bill Charlap a sorti bon nombre d’excellents disques, celui que je vous recommande date d’il y a environ deux ans. Au moment où la grosse pomme est très durement touchée, voilà une façon d’être avec nos amis new-yorkais. "


Le jardin des Finzi-Contini

Matthias Fekl, créée le 24-05-2020

"Je conseille un livre paru il y a bientôt 60 ans, de Giorgio Bassani. Il a donné lieu au film, non moins magnifique, de Vittorio De Sicca, dont une version restaurée aurait dû ressortir au mois d’avril. C’est une histoire de la jeunesse dans la bourgeoisie juive de la ville de Ferrare, sur fond de montée du fascisme et des lois anti-juives. Malgré ce contexte tragique, cette jeunesse sonde ses âmes et ses cœurs, a des conversations littéraires élevées et fines, mais tout cela finira tragiquement. C’est un livre bouleversant, poétique et beau, qui j’espère donnera envie d’aller voir le film dès qu’il pourra ressortir. "


Articles sur le site de l’Opéra Comique

Marc-Olivier Padis, créée le 24-05-2020

"En cette période où nous ne pouvons pas assister à des spectacles, j’aimerais vous recommander de vous rendre sur le site de l’Opéra Comique, où l’on peut voir de très bonnes captations, mais aussi lire des articles historiques. Je vous en recommande deux, à propos du choléra de 1832 et de la grippe de 1918, et de la manière dont les salles de spectacle à Paris ont continué à fonctionner pendant ces deux épidémies. Deux grands arguments à l’époque pour garder les théâtres ouverts : d’abord, un dixième des recettes était consacré aux droits des indigents, et d’autre part, le soutien du moral de la population. Ces deux études sont passionnantes, on y découvre une certaine continuité de l’esprit parisien confronté aux épidémies. "


Le vieux qui lisait des romans d’amour

Béatrice Giblin, créée le 24-05-2020

"J’ai relu ce livre de Luis Sepulveda, publié en 1992 dans une très belle traduction de François Maspero. C’est un conte plein d’humour et de tendresse, qui nous incite à repenser notre rapport à la nature, et compte tenu de ce qui se passe actuellement au Brésil, et particulièrement en Amazonie où la déforestation s’accélère, j’invite nos auditeurs à relire ce petit ouvrage. D’autant qu’on y apprend que la lecture peut être un antidote contre le venin de la vieillesse."


Naissance de la biopolitique

David Djaïz, créée le 17-05-2020

"Je vous recommande la lecture des cours de Michel Foucault au Collège de France, qui sont publiés dans la très belle collection « Hautes études ». En particulier deux livres : « naissance de la biopolitique », qui est une archéologie intellectuelle passionnante du néolibéralisme. On y trouvera notamment ce passage sur la Commission Erhard, qui a joué un rôle fondamental dans l’identité de l’Allemagne contemporaine. Et puis ce cours au titre évocateur : « il faut défendre la société »."