Les brèves

Hommage à Philip Roth

François Bujon de L’Estang, créée le 27-05-2018

"Personnellement je voulais saluer la mémoire de Philip Roth qui nous a quittés cette semaine à l’âge de 85 ans et il faut vraiment être un scandinave semi-assoupi du jury du prix Nobel pour ne pas constater que Roth est un des plus grands écrivains du XXe siècle. Il est vrai qu’ils ont déjà raté Joyce, Proust et Nabokov qu’ils n’ont pas davantage couronné. Tout ça pour dire que c’est l’un des plus grands auteurs américains de la deuxième moitié du XXe siècle. C’est un homme qui au-delà des explorations psychanalytiques s’est beaucoup interrogé sur la nature humaine et ses dernières œuvres sur la maladie, le vieillissement, la mort sont absolument bouleversantes dans l’ensemble et que ses grands romans comme American Pastoral décrivent les névroses ou les maladies de la société américaine du siècle dernier avec une acuité et avec un talent qui en font un vrai géant de la littérature "


Chris Marker à la cinémathèque et dans la revue Esprit

Lucile Schmid, créée le 27-05-2018

"Moi je voulais recommander d’aller à la cinémathèque française pour aller voir l’exposition sur Chris Marker qui porte le nom de « Les 7 vies de Chris Marker » et il se trouve qu’en même temps, la revue Esprit publie un numéro qui s’appelle « Les engagements de Chris Marker ». Vous savez Chris Marker c’est un artiste voyageur polymorphe et il y a notamment dans ce numéro de la revue Esprit un article qui s’appelle « Croix de bois et chemin de fer ». C’est un article qui raconte un voyage de Chris Marker en Allemagne en train dans les années 50 où il se confronte à des allemands et notamment il y a une citation absolument extraordinaire où quelqu’un lui dit : « Je suis arrivé à Paris en juillet 1944, pas de chance nous avons été obligés de repartir tout de suite » et je trouve que par rapport à ce qu’a dit Jean-Louis Bourlanges sur la dérision ça résume toute la pensée de Chris Marker"


La mort de Staline

Jean-Louis Bourlanges, créée le 27-05-2018

"Si vous détestez le Stalinisme vous avez bien sûr la vieille option qui consiste à lire L’opium des intellectuels de Raymond Aron mais je dois dire qu’il faut aller voir la Mort de Staline. C’est un produit absolument exceptionnel parce que c’est une vision assez claire des intrigues abominables qui ont entouré la mort de Staline notamment le complot de Beria qui se termine par sa revolvérisassion par ses petits camarades donc c’est assez sérieux. Mais en même temps c’est quelque chose d’autre. C’est un film d’un réalisateur britannique qui porte un nom italien Armando Iannucci sur la base d’une bande dessinée de Thierry Robin et Fabien Nury qui est assez remarquable et pourtant ça n’est pas réel, ces gens parlent anglais, ces gens ne prétendent pas du tout ressembler au modèle malgré le fait qu’on les voit tous : Khrouchtchev, Beria et les autres. Mais c’est surréaliste, c’est à dire que c’est plus réel que le réalisme. C’est une espèce de description hilarante à la Monty Python etc. mais hilarante de toutes les pathologies d’un régime absolument abominable et où on voit que la dénonciation de l’horreur par la dérision c’est souvent beaucoup plus efficace que par l’indignation."


Le Monde vu d'Asie au fil des cartes

Philippe Meyer, créée le 27-05-2018

"Actuellement au musée Guimet : une exposition qui s’appelle le « Monde vu d’Asie ». C’est une exposition qui montre comment les cartes géographiques les japonaises, les chinoises, les indiennes ou les coréennes, se sont représentées le monde au fil des siècles. Sur le plan de l’esthétique ce sont des cartes absolument magnifiques et sur le plan de l’analyse géographique ou géopolitique, il y a là de quoi méditer et de quoi se renseigner. Et donc j’invite vivement ceux de nos auditeurs qui sont parisiens, banlieusards ou qui viendraient à venir à Paris à aller voir cette exposition « le Monde vu d’Asie au fil des cartes »."


Aventures d’un géographe de Yves Lacoste

Béatrice Giblin, créée le 20-05-2018

"Je vais parler d’un livre d’une personnalité et ami qui m’est chère Yves Lacoste, qui sort ses mémoires dans Aventures d’un géographe. C’est un livre extrêmement touchant et qui montre bien la liberté de penser, la liberté d’individu que représente Lacoste. Il a beaucoup fait pour développer la géopolitique en France et la réflexion en créant Hérodote, dont il m’a confié la direction il y a 10 années de cela. Il retrace sa naissance au Maroc, ce qu’ont représenté ses premières années au Maroc et ensuite tout ce qui fait qu’il est profondément géographe. Il y a vraiment des récits qu’il faut relire."


Le fils de Florian Zeller

Nicole Gnesotto, créée le 20-05-2018

"Alors moi au départ, je voulais vous parler d’un écrivain que je viens de découvrir à ma grande honte qui est Emmanuel Bove dont le roman Le Piège est exceptionnel. Il se trouve que j’ai aussi vu une pièce de théâtre. C’est une pièce sur les relations Père Fils, c’est donc intitulé Le fils de Florian Zeller à La Comédie des Champs-Elysées et qui se joue jusqu’en juillet de cette année. Alors, j’ai pas été époustouflé par la mise en scène ni par Yvan Attal qui joue le rôle du père. Mais, ce comédien Rod Paradot, qui a d’ailleurs eu le prix en 2016 du meilleur espoir masculin pour le film La tête haute avec Catherine Denevue, est absolument extraordinaire dans le rôle d’un adolescent qui n’a tout simplement pas envie de vivre. Je trouve le texte dur, dérangeant et déroutant et l’interprétation et l’interprétation de Rod Paradot mérite qu’on aille la voir. "


Ch. Maurras, L'Avenir de l'intelligence et autres textes (coll. Bouquins)

Philippe Meyer, créée le 20-05-2018

"Vous êtes beaucoup à vous inquiéter de l’absence de notre amie Michaela Wiegel. Soyez rassurés, Michaela Wiegel va bien et elle est fortement occupée. J’en ai eu la preuve directement avec la sortie de son livre Emmanuel Macron : Ein Visionär für Europa – eine Herausforderung für Deutschland qui doit vouloir dire en français Un visionnaire pour l’Europe, un défi pour l’Allemagne. Ensuite, récemment une éditrice devenue ministre, Françoise Nyssen, a décidé que la biographie de Charles Maurras serait retirée du volume annuel des commémorations nationales ce qui a d’ailleurs provoqué la démission de Jean-Noël Jeanneney. C’est inquiétant qu’une éditrice puisse faire une chose pareille et ensuite, c’est très inquiétant que la rumeur suffise à imposer ou à renverser des décisions de cette nature. La réponse est venue des éditions Bouquins de Robert Laffont puisqu’elles publient un volume qui a été préfacé par Charles Maurras, un volume de Jean-Christophe Buisson et qui a été annoté par Martin Motte. Ce livre a donné lieu à un article dans le Monde qui discute les choix qui ont été faits. Il y a d’ailleurs un peu de la poésie de Maurras qui ne devrait pas porter à beaucoup de contestations ou à quelconque bagarre. En tout cas, ce qui est extrêmement positif à ce volume c’est qu’on peut enfin discuter. On peut lire, on peut contester l’édition, aucune des horreurs de Maurras ne sont absentes de ce livre."


Le rapport d'Oxfam sur le partage des richesses

Jean-Louis Bourlanges, créée le 20-05-2018

"Je voulais saluer le fait que Madame Duflot ait décidé d’arrêter la politique et de rejoindre Oxfam juste au moment où Oxfam sort une analyse qui me paraît conforter l’engagement de Duflot puisque c’est une ânerie absolue sur le plan économique, Oxfam produit une étude disant que l’augmentation de la part des dividendes distribués par rapport aux dividendes réinvestis était un signe de la détérioration du niveau de vie des salariés. Je crois que c’est une erreur économique élémentaire, le partage de la valeur ajoutée c’est ça qui compte et il se fait d’un côté par les salaires et de l’autre côté par les bénéfices qui sont soit distribués soit réinvestis. Et ce choix entre réinvestissement ou redistribution c’est simplement un choix entre remettre de l’argent dans l’entreprise ou donner la possibilité aux actionnaires de le mettre dans d’autres entreprises ce qui est conforme puisqu’un actionnaire c’est celui qui engage son capital et cela correspond évidemment à une logique économique. Il y a des entreprises qui ont besoin d’investir d’autres qui n’ont pas besoin et quand on distribue ses dividendes il faut réfléchir à ça. Donc il faudrait arrêter, en France, de se poser des questions techniquement et économiquement absurdes si on veut faire une vraie politique sociale."


Le Rocardisme: Devoir d'inventaire

Marc-Olivier Padis, créée le 20-05-2018

"Je vais passer à tout à fait autre chose. J’ai lu cette semaine avec beaucoup d’intérêt un livre consacré au Rocardisme écrit par Alain Bergounioux qui est un grand historien du socialisme français et Jean-François Merle aux éditions du Seuil. Ce n’est pas une biographie de Michel Rocard même si on suit l’ensemble de son parcours, sa formation, ses premières années de travail ministériel, sa réflexion. C’est plutôt un travail historique sur « y’a-t-il une doctrine rocardienne » qui met en avant et sur laquelle il faudrait continuer à réfléchir aujourd’hui le fait que pour transformer un pays en profondeur, il faut mener des réformes lentes concertées et qui ne passent pas nécessairement par une multiplication de lois expéditives mais plutôt par des transformations qui accompagnent la société d’elle-même."


Histoire du Portugal contemporain, de 1890 à nos jours par Yves Léonard

Philippe Meyer, créée le 13-05-2018

"L’histoire contemporaine du Portugal reste encore trop méconnue en France, alors que des flux croissants de touristes français découvrent le pays, parfois pour s’y installer l’heure de la retraite venue. Mais clichés et préjugés continuent d’avoir la vie dure, du « bon émigré portugais » à la trilogie des trois F – Fado, Fátima et Football. Sans compter le prisme réducteur des agences de notation, si prégnant ces dernières années. Pourtant, le Portugal a le plus souvent reflété, voire précédé, l’histoire européenne, du renversement de la monarchie et de l’implantation précoce de la République en octobre 1910, à la longue dictature salazariste et aux tourments coloniaux, ponctués par le rétablissement de la démocratie avec la singulière Révolution des œillets, le 25 avril 1974, avant de vivre pleinement à l’heure européenne, non sans tourment. Yves Léonard propose ici une synthèse – la première de ce type en France –, nourrie des apports récents de la recherche et des débats historiographiques, mettant en lumière la complexité et la richesse d’une histoire du Portugal contemporain loin des idées reçues."


Rapport Robert Schuman sur l'état de l'UE

Jean-Louis Bourlanges, créée le 08-05-2018

"Je voudrais recommander comme je le fais régulièrement le rapport publié par la fondation Robert Schuman sur l’état de l’Union Européenne en 2018. Chaque année, Jean-Dominique Giuliani, Michel Foucher, Thierry Chopin etc. proposent ce rapport, je crois que pour tout ceux qui s’intéressent à l’Europe c’est quelque chose de tout à fait précieux que d’avoir la collection et de suivre pas à pas ces analyses extrêmement bien renseignées, extrêmement bien documentées et je dois dire que pour les gens qui participent au Nouvel Esprit Public, ils auront là l’occasion de lire un très bon article de Nicole Gnesotto, publicité gratuite !"


L'héritage des espions de John Le Carré

Nicole Gnesotto, créée le 08-05-2018

"Alors moi, je vais rester dans la littérature et recommander très chaleureusement le dernier roman de John Le Carre intitulé L’héritage des espions paru au seuil, c’est un immense plaisir. C’est du grand Le Carre, c’est celui qu’on préfère, celui de la Guerre Froide et du grand jeu Est-Ouest avec des maîtres espions solitaires et désabusés des deux côtés du rideau de fer. Donc évidemment, ce sont les gens de Smiley que l’on retrouve aujourd’hui en 2018. L’histoire est très complexe, je ne vais pas la raconter, c’est simplement la suite et la fin de son premier roman qui était L’espion qui venait du froid. C’est donc une espèce de réflexion très mélancolique sur la vanité de l’Histoire, sur la volatilité du Bien et du Mal, est-ce qu’on a le droit de faire le mal pour un Bien qu’on juge supérieur ? C’est absolument magistral."