Les brèves

L’alerte démocratique

Jean-Louis Bourlanges, créée le 16-02-2020

"Je profite du fait que nous faisons une émission sans Nicolas Baverez pour recommander son dernier livre. C’est une analyse de la crise des valeurs que nous vivons. Il y analyse très bien les rapports avec les années 1930, les différences, la montée du populisme, et propose des solutions, qui sont classiques. Mais deux choses me paraissent importantes : d’abord il sonne le tocsin, et nous fait comprendre que le populisme n’est pas qu’une protestation lointaine mais une menace réelle et très présente. Ensuite, il insiste sur quelque chose qui me paraît très vrai, à savoir que le fond de l’affaire est le ressort moral. Il cite Périclès : « se reposer ou être libre, il faut choisir ». J’ai l’impression que le repos est une tentation forte. Nicolas Baverez place tout son livre sous le patronage de Ionesco et du monologue final de Rhinocéros, dans lequel Bérenger finit par déclarer : « je suis le dernier homme »."


Moscou Au cœur de la création contemporaine

Philippe Meyer, créée le 16-02-2020

"Je signale la publication aux ateliers Henry Dougier des éditions Payot d’un ouvrage consacré à Moscou par un journaliste français, Étienne Bouche. Il y est question de la création contemporaine dans plusieurs domaines. Il comprend des entretiens avec des artistes, qui vont de pianistes à des metteurs en scène ou des photographes, ainsi qu’un guide géographique des lieux de la création contemporaine dans la capitale russe."



Nous autres réfugiés

Béatrice Giblin, créée le 16-02-2020

"Je vais vous parler d’un tout petit livre d’Hannah Arendt. C’est un très beau texte, dont je vous citerai cette phrase : « les « réfugiés » sont désormais ceux d’entre nous qui ont connu un malheur et ont dû émigrer, sans ressources, dans un autre pays et trouver de l’aide auprès de comités de réfugiés. Nous avons perdu notre foyer, c’est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne, nous avons perdu notre travail, c’est-à-dire l’assurance d’être de quelque utilité en ce monde, nous avons perdu notre langue, c’est-à-dire le naturel de nos réactions, la simplicité de nos gestes, l’expression spontanée de nos sentiments. Nous avons abandonné nos parents et nos meilleurs amis ont péri, ce qui signifie que notre vie privée a été brisée. » Qu’on s’en souvienne vis-à-vis des réfugiés qu’on a du mal à accueillir."


Retours d’Histoire l’Algérie après Bouteflika

Béatrice Giblin, créée le 09-02-2020

"Je recommande le dernier ouvrage de Benjamin Stora. C’est un livre court, très facile à lire, et extrêmement utile pour bien comprendre dans cette histoire de l’Algérie post-indépendance, dans ce qui est maintenant considéré comme une indépendance confisquée, les mouvements qui se produisent tous les vendredis depuis un an. Benjamin Stora, très bon connaisseur du pays, rappelle et explique le pourquoi de ces mouvements, essentiellement menés par la jeunesse mais pas seulement, et qui ont pris comme emblème de grands résistants qui ont lutté dès le début contre la mainmise de l’armée sur le pouvoir algérien. Très utile, à recommander à notre président si préoccupé de questions mémorielles. "


La République injuriée

Nicolas Baverez, créée le 09-02-2020

"Et puis une recommandation, puisqu’on parle aujourd’hui beaucoup d’insultes et de violences, y compris contre la personne du chef de l’état, le libre d’Olivier Beaud. C’est une revue absolument passionnante, de trois républiques et du régime de Vichy, au filtre de cette incrimination de l’offense contre le chef de l’Etat. Pendant la IIIème République, cette incrimination diminue en même temps que les pouvoirs du président s’effondrent. C’est évidemment remis en route par Vichy, sous de Gaulle on a le choc avec l’extrême-droite, et enfin c’est François Hollande qui décide de la supprimer. Peut-être Emmanuel Macron la regrette-t-il ?"


Alexis Tsípras une histoire grecque

Richard Werly, créée le 09-02-2020

"Un livre pour comprendre les coulisses de l’Europe, et en l’occurrence les coulisses grecques. C’est celui que Fabien Perrier vient de consacrer à Alexia Tsípras. Comme vous le savez, Tsípras a perdu les dernières élections, le gouvernement grec est désormais conservateur, dirigé par Mitsotakis. Ce livre montre une chose qui fait réfléchir : comment Tsípras a cru aux promesses françaises. Rappelons que la France s’était faite l’avocate de la Grèce, en permettant à la Grèce d’obtenir des sursis et différents pains de financement. Tsípras a vraiment cru qu’il bénéficierait de l’appui de la France, notamment concernant la Macédoine du Nord, dont il a négocié avec l’ancienne République fédérale yougoslave cette nouvelle dénomination qui pose problème. In fine, Emmanuel Macron a refusé d’admettre la candidature de la Macédoine du nord. On voit bien comment un gouvernement d’un pays ébranlé comme la Grèce entend les appels du pied de la France et mesure ensuite à quel point cette dernière ne dispose plus des leviers du passé."


Note de l’Institut Montaigne par Éric Chaney

Jean-Louis Bourlanges, créée le 09-02-2020

"Je voudrais recommander la note publiée par l’Institut Montaigne, que l’on doit à un très bon économiste Eric Chaney, sur comment l’Europe peut faire basculer le monde vers la décarbonation. C’est une défense et une illustration de la taxe carbone, d’un système d’ajustement comportant beaucoup de variables. C’est très éclairant dans le débat actuel. On a là un véritable choix politique. Parmi toutes les mesures proposées pour lutter contre le réchauffement, Chaney nous dit qu’il y a là une voie décisive, plus importante que les autres. C’est en outre un choix libéral. Au lieu « d’emmerder les Français » (comme aurait dit le président Pompidou), on crée une situation économique qui amène les acteurs économiques à modifier leur comportement. C’est aussi un choix géostratégique : nous ne sommes responsables « que » de 10% des émissions de carbone, mais entant que marché, l’Europe est décisive. Dès lors que l’Europe mettra en place un système qui oblige les importateurs de biens étrangers à se comporter vertueusement, elle aura le moyen de cesser d’être impuissante. "



Histoire de l’Ecosse

Philippe Meyer, créée le 09-02-2020

"Comme on le sait, il se passe des choses après le Brexit, en Irlande par exemple où les partisans de la réunification commencent à montrer le bout de leur nez, ainsi qu’en Ecosse où les rangs des indépendantistes ne cessent de grossir. Peut-être est-ce le moment de lire l’histoire de l’Ecosse de Michel Duchein, parue d’abord chez Fayard, puis a été rééditée et augmentée chez Texto. Cette Histoire va des origines jusqu’à 2013, et on en retiendra beaucoup de choses, sur les spécificités du pays, certes mais aussi sur les différences frappantes avec l’Angleterre."



Célébrations londoniennes du Brexit

Jean-Louis Bourlanges, créée le 02-02-2020

"Je voudrais simplement exprimer mon désarroi devant les festivités londoniennes de vendredi à propos du Brexit. J’ai une ami dont le jeune fils (environ 10 ans) regardait les émissions sur le Brexit et a fondu en larmes pendant une heure, simplement parce qu’il a vu une tête de mort sur le drapeau européen, a senti une hostilité très profonde à l’encontre des Français Le journaliste de l’émission qu’il regardait, sur CNews (et à laquelle je participais) s’est fait taper dessus parce qu’il était Français, au moment de prendre l’antenne. C’est très impressionnant de voir cette charge d’hostilité. L’idée même de fêter un divorce ne viendrait à personne. Il y avait là une dimension humaine très profondément angoissante et tragique. Je crois qu’heureusement, ces comportements restent très minoritaires au Royaume-Uni ; je n’ai jamais vu plus intelligent qu’un Anglais pro-européen, et on a vu à cette occasion quel désastre était un Anglais anti-Européen. "