Les brèves

La Corée du Nord en 100 questions

François Bujon de L’Estang, créée le 21-12-2017

"Philippe vous savez avec quel enthousiasme et quel zèle je suis les traces de M. Trump où qu’il aille. Il est ces temps-ci en Asie, en tournée, et nous en parlerons la semaine prochaine puisque son voyage n’est pas terminé. Je voulais donc vous recommander un petit livre sans grandes prétentions, publié chez Tallandier par Juliette Morillot et Dorian Malovic, qui s’appelle La Corée du Nord en 100 questions. Il examine de façon très méticuleuse les différentes composantes de l’énigme nord-coréenne en analysant à la fois son histoire, son économie, sa société. Et je trouve très intéressantes les informations qu’il contient mais le fait qu’au fond les deux auteurs calent un peu lorsqu’il s’agit d’expliquer l’ardeur avec laquelle la Corée du Nord poursuit son programme nucléaire militaire. Ils donnent deux ou trois explications mais ils hésitent devant cette conclusion qui me paraît pourtant évidente qui est que la Corée du Nord va de l’avant dans ce domaine simplement pour assurer sa propre survie et la survie de sa dynastie."


Souvenirs dormants

Nicole Gnesotto, créée le 21-12-2017

"C’est la saison des prix littéraires donc je vais partager avec vous un moment de pure littérature qui est le dernier ouvrage de Patrick Modiano, Souvenirs dormants, paru en octobre chez Gallimard. C’est comme d’habitude une errance dans le souvenir entre six femmes rencontrées dans le Paris des années 60 par Jean le narrateur qui est un jeune homme solitaire, amoureux des errances nocturnes dans Paris si possible avec une valise noire dont on ne sait pas si elle est vide ou pleine. Bref, il ne se passe strictement rien, il n’y a rien à raconter, il n’y a même pas la restitution de l’intégralité des souvenirs, mais c’est un pur moment de plaisir et de grande nostalgie des amours passés."


Le nouveau pouvoir, Régis Debray

Jean-Louis Bourlanges, créée le 21-12-2017

"Je voulais et je veux toujours vous présenter le livre de Régis Debray, Le nouveau pouvoir, qui est une espèce de réflexion sur ce que représente le macronisme. Alors il y a toute une théorie selon laquelle c’est du neoprotestantisme, c’est un livre intéressant qui montre bien à quel point les gens de ma génération sont complètement décalés par rapport au macronisme mais au bout du compte et c’est un peu désobligeant pour Régis Debray, je trouve que ce qui résume le mieux le livre c’est encore la citation de Paul Valéry qu’il fait au début et qui dit ceci : ”La vie moderne tend à nous épargner l’effort intellectuel comme elle fait de l’effort physique. Elle remplace, par exemple, l’imagination par les images, les raisonnements par les symboles et les écritures, ou par des mécaniques ; et souvent par rien. Elle nous offre toutes les facilités, et tous les moyens courts d’arriver au but sans avoir à faire le chemin. Et ceci est excellent : mais ceci est assez dangereux.”. Je trouve que Paul Valéry a tout dit, et Régis Debray le dit mieux encore."


Le Nouveau Mal français

Jean-Louis Bourlanges, créée le 21-12-2017

"Je voulais citer le livre de Sophie Coignard, Le Nouveau Mal français. Sophie Coignard est une très bonne journaliste qui s’est lancée sur les traces d’Alain Peyrefitte, « parlez, écrivez, agissez » écrivait Alain Peyrefitte et elle le cite, et elle essaye de réactualiser le mal français d’Alain Peyrefitte. Je dois dire que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt mais j’ai le même sentiment que j’avais quand j’ai lu le livre d’Alain Peyrefitte, c’est qu’au bout du compte il reste pour moi une énigme ce mal français. Car en réalité tous ces livres ont en commun de focaliser tout un ensemble de causes dont aucune ne me paraît en soi satisfaisante : l’incompétence des députés, la centralisation des hauts fonctionnaires, les corporatismes, un certain nombre de vices moraux du pays qui sont l’immobilisme, la défiance, l’égoïsme, des défauts idéologiques comme la manie réglementariste, je trouve que tout cela existe, tout cela est vrai mais tout cela ne nous permet pas, et ce n’est pas pour rien que l’on bégaye en France depuis tant de décennies sur les réformes à opérer, en dépit des livres extrêmement brillants, savants et énergiques de Nicolas, tout cela ne nous éclaire pas sur le levier, sur la façon dont il faut régler la chose. Nous sommes un vieux pays d’Etat, effectivement dominé par le sommet, et à mon avis ce n’est pas dans une révolution totale qu’on peut arriver à faire évoluer la chose, mais c’est dans un processus réformateur dont je continue à penser qu’il n’est pas étudié de façon raisonnable, précise, méthodique, réaliste, par l’ensemble de ceux qui nous dirigent, je ne parle pas seulement des hommes politiques, mais de l’ensemble des responsables sociaux, économiques, administratifs et politiques. Je trouve que d’abord nous ne sommes pas assez modestes et appliqués, à essayer de voir ce qui exactement ne marche pas, et cela nous donne donc une espèce d’accumulation de tous nos échecs, accumulation vertigineuse et désespérante."


L’Etat ou La Grande Illusion

Nicolas Baverez, créée le 21-12-2017

"Je voudrais recommander la lecture d’extraits de Frédéric Bastiat, cela s’appelle L’Etat ou La Grande Illusion, et c’est publié dans la collection Faute à Voltaire chez Arfuyen. Pourquoi est-ce que je recommande Bastiat ? Parce que c’est toujours un bonheur, je vous cite juste ce passage sur les impôts: « Ainsi, dans le public des espérances, dans le gouvernement deux promesses: beaucoup de bienfaits et pas d'impôts. Espérances et promesses qui, étant contradictoires, ne se réalisent jamais. Il suffit aux courtisans de popularité de crier aux oreilles du peuple: « Le pouvoir te trompe; si nous étions à sa place, nous te comblerions de bienfaits et t'affranchirions de taxes. » Et le peuple croit, et le peuple espère, et le peuple fait une révolution. » C’est d’abord un livre formidable, on y trouve aussi la pétition des fabricants de chandelles, bougies et lampes qui est extraordinaire puisqu’elle fustige l’intolérable concurrence d’un rival étranger qui est le soleil, et elle appelle à la fermeture de toutes les ouvertures qui laissent rentrer la lumière ce qui permettrait de relancer la consommation d’un côté et d’alimenter l’offre national de l’autre (et la démographie en plus, dit Jean-Louis). C’est extrêmement jubilatoire, et l’autre raison qui est une raison aussi importante est qu’on oublie toujours que la France est un des grands pays du libéralisme et aussi sur le plan économique donc on se souvient quand même un peu aujourd’hui davantage de Constant et de Tocqueville au plan politique, mais Jean-Baptiste Say, Bastiat et Léon Walras qui a été obligé de s’exporter en Belgique tellement il était mal compris en France : il y a une grande tradition économique du libéralisme français du XIXème siècle qui mérite toujours d’être rappelée et reconnue."


Souvenirs dormants

Philippe Meyer, créée le 21-12-2017

"Éric Fottorino : Un homme errant, je vais vous citer Patrick Modiano et ses Souvenirs dormants, j’ai eu une hygiène depuis plus de 20 ans c’est que dès qu’un Modiano sort, je l’achète le jour même et je le lis le jour même. L’avantage quand on a lu Modiano tout petit c’est qu’on comprend que chaque livre est une petite pièce de puzzle et que lorsqu’on les ajoute les unes aux autres on commence à avoir la grand panorama. Ce livre de Modiano a une particularité, il n’y a pas marqué roman, il y a écrit récit, mais on croit qu’on est dans un roman de Modiano, donc on comprend tout, on comprend à quel point il a entremêlé le vrai et le faux et ses ombres errantes dans Paris ne nous quittent pas même par une matinée ensoleillée comme aujourd’hui."


Homère, biographie

Marc-Olivier Padis, créée le 17-12-2017

"Une lecture cette semaine que je vous recommande, c’est un livre directement en poche chez Folio de Pierre Judet de La Combe, qui est un philologue et traducteur du grec, on lui a demandé d’écrire une biographie de Homère, il a fait remarquer à son éditeur que Homère n’avait peut-être pas existé mais que ce n’était pas une raison pour ne pas écrire une biographie après tout. C’est ce qu’il fait avec beaucoup de brio en menant l’enquête pour savoir mais qui est cet Homère, cet homme errant sans père, sans patrie, aveugle et dont le surnom veut dire l’assembleur, parce qu’il a assemblé différents morceaux de grands chants épiques qui existaient avant lui et qu’il a mis ensemble. C’est vraiment une très belle enquête et une très belle occasion de revenir à de la poésie antique."


Concours Long-Thibaud-Crespin

François Bujon de L’Estang, créée le 17-12-2017

"Une petite excursion dans le domaine de la musique, je voudrais saluer ce que j’espère être la renaissance du concours Marguerite-Long-Jacques-Thibaud qui a connu des années difficiles et qui n’a pas pu être organisé plusieurs années de suite mais qui a organisé cette semaine un gala auquel ont joué plusieurs lauréats, et dans lequel ont été annoncé que le concours de violon Jacques Thibaud sera organisé de nouveau en 2018 avec un jury très prestigieux que présidera Renaud Capuçon et j’espère de tout cœur que c’est la renaissance d’un des grands concours musicaux français, qui tient une place éminente sur la scène internationale."


La roue rouge

Nicolas Baverez, créée le 15-12-2017

"Nous sommes encore au mois d’octobre, c’est le centenaire de la révolution bolchévique, et je voudrais rappeler La roue rouge de Soljenitsyne, c’est un livre prodigieux qui montre que la vérité littéraire peut être supérieure à la vérité scientifique puisque selon moi je ne pense pas qu’il y ait un livre d’histoire qui arrive à ce degré de pénétration et de compréhension de ce qu’a pu être la révolution de 1917."


LES FOURBERIES DE SCAPIN de Molière à la Comédie Française

Philippe Meyer, créée le 15-12-2017

"Je voudrais recommander les représentations à la Comédie Française des Fourberies de Scapin. Les Fourberies de Scapin sont une pièce énormément jouée, ce n’est pas la pièce la plus chargée d’un message de Molière mais c’est une pièce d’acteurs, tout particulièrement pour Scapin. C’est donc une pièce difficile à jouer puisqu’il faut faire oublier les Scapins qui vous ont précédé et Dieu sait si à la Comédie Française il y en a eu au moins deux, Robert Hirsch pour les plus anciens qui était une espèce de Scapin bondissant et puis Philippe Torreton qui était lui plutôt côté chat de gouttière, chat sauvage, chat écorché. Et là c’est Benjamin Lavernhe, et Benjamin Lavernhe a trouvé quelque chose qui pour moi est un mélange du comédien italien d’Otto glorieux notamment à travers le pigeon, du brave soldat Chvéïk c’est-à-dire quelqu’un qui sait parfaitement ce qu’il fait mais qui fait l’imbécile avec énormément de succès, et aussi du Grand Duduche, ajoutez à cela un peu de Charlie Chaplin et cela donne un Scapin que j’ai trouvé particulièrement remarquable. Petite remarque latérale, il montre son derrière. La Comédie Française devient une sorte de pépinière de derrières, on se demande si bientôt cela va faire partie du règlement de la Comédie Français que tous les comédiens et peut-être aussi l’administrateur, et au guichet quand on ira acheter son billet, il y aura un vendeur ou une vendeuse sur deux qui sera… "


La maison rouge, exposition

Philippe Meyer, créée le 17-12-2017

"François Sureau : Je voudrais recommander à tout le monde d’aller à La maison rouge, qui est le musée personnel d’Antoine de Galbert qui est 10 boulevard de la Bastille, avant qu’il ne ferme puisqu’Antoine de Galbert qui a été un mécène remarquable va fermer la maison rouge et faire don d’une très grande partie de ses collections à un musée situé à Lyon et c’est une chose suffisamment rare pour être relevée, s’agissant d’un mécène privé qui n’a jamais rien demandé à personne. A la maison rouge en ce moment il y a une exposition de photographies notamment de Marin Karmitz, le producteur de cinéma, cela s’appelle Etranger résident et c’est une collection absolument extraordinaire, qui est une véritable traversée du siècle, les photos de Hine sur les classes populaires et les Noirs dans les Amériques dans les années 20 ou 30, les photos de kibboutz en Hongrie en 1937, les photos de l’époque des années 60. Des photographes absolument extraordinaires, c’est un magnifique voyage dans le XXème siècle."


Dans les archives secrètes du Quai d’Orsay

François Bujon de L’Estang, créée le 14-12-2017

"Je voudrais me féliciter du fait que le quai d’Orsay, le ministère des Affaires Etrangères, continue à exploiter de façon intelligente les archives diplomatiques, et à les ouvrir davantage au public. Il vient de publier si j’ose dire aux éditions de l’Iconoclaste, un nouveau volume qui s’appelle Dans les archives secrètes du Quai d’Orsay. Le mot secrètes est un peu racoleur on aurait pu s’en passer. Il porte cette fois ci sur la période 1945-2001, donc sur un histoire très contemporaine avec donc des archives déclassifiées de manières prématurées par la commission de déclassification. Dans les archives du Quai d’Orsay l’engagement de la France dans le monde sous la direction scientifique de Maurice Vaïsse et d’Hervé Magro qui est le directeur des archives, découpe l’histoire de ces années en une vingtaine de chapitres : Diên Biên Phu, la crise de Suez, la chute du Shah, la crise des missiles à Cuba, etc. en publiant à chaque fois des télégrammes, des textes de commentaires par un historien, ou un commentateur et des photographies très frappantes. Je crois que c’est un travail très utile que M. Le Drian souhaite encourager."