"A Annecy, le 8 juin, un Syrien demandeur en France d’un asile qui lui a été refusé car il l’avait déjà obtenu en Suède a poignardé quatre enfants et deux adultes. Il a été mis en fuite par un jeune homme. L’acte courageux de ce jeune homme a d’abord été commenté avec admiration, puis, quand il été connu qu’il s’agissait d’un jeune catholique effectuant un pèlerinage d’une cathédrale à l’autre, les réseaux sociaux et certains journaux se sont employés à présenter de ce garçon une image toute différent de celle d’abord partagée. De ce qu’il appartient aux scouts d’Europe, créés en opposition à la modernisation du scoutisme et marqués par le conservatisme, de ce qu’il portait un tee-shirt arborant le drapeau français, de ce que le flocage de son tee-shirt avait été réalisé par une entreprise travaillant avec la police et plus précisément avec le RAID, de ce que son père travaille pour une entreprise internationale de la transformation digitale – autrement dit du big data, de ce que l’un de ses cousins occupe un poste au Service national universel, de ce que, lors des interviews qu’il a données après le 8 juin, le jeune homme a affirmé sa foi catholique et son admiration pour le lieutenant-colonel Beltram, de ce qu’une partie de la droite et de l’extrême droite s’est livrée à une entreprise de récupération de son geste, des commentateurs ont conclu qu’il y avait du louche dans l’acte d’Henri d’Anselme. Il se trouve que, ces derniers temps, la question de la fin de vie fait l’objet d’un débat de société et que l’on propose différentes mesures. Je propose que l’on en ajoute une, à l’intention de ceux qui se sont employés à réduire les faits à leur idéologie ou à leurs fantasmes : que chaque citoyen puisse signer et faire connaître un document qui dirait : « au cas où mes enfants seraient agressés par une personne armée d’un poignard, je refuse qu’ils soient sauvés par un catholique traditionnaliste »."