Les brèves

Gaumont classique

Philippe Meyer, créée le 05-06-2022

"Je signale l’ouverture récente de cette plateforme qui permet d’accéder à des trésors de cinéma, généralement en noir et blanc. En guise de mise en bouche, vous y trouverez par exemple Les affaires sont les affaires, d’Octave Mirbeau, film dans lequel Louis Seigner joue un bourgeois profondément imbu de la valeur de l’argent. Le texte de Mirbeau, la description de cette bourgeoisie lyonnaise si singulière et l’interprétation de Seigner en font une pure splendeur."


Le mage du Kremlin

Marc-Olivier Padis, créée le 05-06-2022

"Je vous recommande ce roman de Giuliano Da Empoli. J’avais déjà recommandé un autre ouvrage du même auteur, Les ingénieurs du chaos, qui était un essai politique sur les conseillers de l’ombre d’un certain nombre de régimes autoritaires. L’auteur a lui-même fait de la politique en Italie et en connaît bien les rouages. En faisant ses recherches pour son livre précédent, il avait découvert cette éminence grise de Vladimir Poutine, qu’il n’avait pas intégrée à son livre, et qu’il a gardé pour ce roman. C’est l’occasion de raconter l’accession au pouvoir et les premières années de Vladimir Poutine à la tête de la Russie. Le livre est paru juste au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. Évidemment, les scènes sont imaginées, mais ce récit du fonctionnement du pouvoir russe est fascinant."


Le prix de nos valeurs Quand nos idéaux se heurtent à nos désirs matériels

Nicolas Baverez, créée le 05-06-2022

"Je vous recommande ce livre d’Augustin Landier et David Thesmar. C’est une réflexion passionnante, au moment où le combat pour la liberté redevient une priorité pour nos démocraties. Le livre essaie de réintégrer les valeurs dans le champ de l’analyse économique, et donc tente de montrer comment les acteurs de l’économie ne se prononcent pas seulement en termes d’intérêt intellectuel, mais aussi en termes de valeurs. Comment se font les point d’équilibre et les compromis entre les valeurs morales et celles de l’efficacité économique, à la fois au niveau des individus, des entreprises et des Etats. Cela s’applique à la liberté, l’identité, l’égalité, la justice, l’altruisme, avec le côté très pratique d’une enquête."


Cendrillon

Richard Werly, créée le 05-06-2022

"Je vous recommande ce spectacle de Joël Pommerat, au théâtre de la Porte Saint-Martin. Une pièce étonnante, qui remet en scène le conte bien connu, l’histoire d’une jeune fille qui perd sa mère, qui est aussi obstinée que douée, et qui se fait exploiter par la nouvelle famille de son père. C’est très tendre, très étonnant, j’avoue qu’il y a quelques petites choses que je n’ai pas comprises, notamment au début, avec un personnage qui semble manipuler des écrans, mais à part cela c’est d’une grande poésie, c’est très bien mis en scène et très bien joué. Jusqu’au 19 juillet. "



Penser l’Histoire de l’Afrique

Lionel Zinsou, créée le 22-05-2022

"J’aimerais rendre hommage à ce livre très important du point de vue méthodologique, même s’il est très court. Il est signé de François-Xavier Fauvelle, professeur au Collège de France. On est en droit de se dire que l’ouvrage est à l’Histoire médiévale de l’Afrique ce que Tristes Tropiques a pu être pour la réflexion méthodologique de l’anthropologie. C’est vraiment fondamental, et tout à fait contemporain. Les sources historiques se multiplient, il y a beaucoup d’écrits, contrairement à ce que l’on pourrait croire, et beaucoup de témoignages archéologiques. Malgré tout, il reste énormément d’énigmes, auxquelles est confronté l’historien. Il s’agit donc de mener un travail denquête, tout à fait haletant. Une enquête qui ne finira jamais, un puzzle qu’il faut créer. "


Guerre

Nicolas Baverez, créée le 22-05-2022

"L’Histoire peut produire des raccourcis ou des téléscopages étonnants, et il est vrai qu’au moment où la guerre est de retour sur notre continent, on publie le roman Guerre de Louis-Ferdinand Céline, écrit en 1934, volé en 1945, et réapparu un peu par miracle. Il raconte la convalescence de Céline à l’hôpital d’Ypres, après sa blessure de 1914. Il s’agit incontestablement d’un texte très puissant, que je recommande car il contient tout ce qui constitue la grandeur tragique de Céline : une écriture tout à fait singulière, et une capacité à décrire la dureté, la violence et les séquelles que laissent la guerre."


La menace 732

Matthias Fekl, créée le 22-05-2022

"Je vous conseille le livre d’un jeune Préfet, qui est aussi un jeune auteur, Frédéric Potier, que l’on connaissait jusqu’ici pour des ouvrages très sérieux, sur l’antisémitisme ou sur Pierre Mendès-France. Il s’est cette fois-ci lancé dans un thriller politique. Je ne raconte pas l’intrigue, car ce serait gâcher le plaisir du lecteur, mais la menace en question vient de l’extrême-droite, sur fond d’élection présidentielle. On est très vite pris par l’intrigue, mais on est aussi captivé grâce à la connaissance parfaite de l’auteur des rouages de l’Etat."


La stupeur

Béatrice Giblin, créée le 22-05-2022

"Je vous recommande le dernier ouvrage publié avant sa mort par Aharon Appelfeld. On parle beaucoup de l‘Ukraine, de l’héroïsme de son peuple pendant cette guerre. Cet ouvrage traite d’une autre période tragique de l’Ukraine, celle de l’invasion allemande et de la liquidation des Juifs, ainsi que de la participation des ukrainiens à cette liquidation. Pour une fois dans l’œuvre d’Appelfeld, ce n’est pas un petit garçon qui est central dans le récit, mais une femme, une jeune chrétienne qui vit un enfer avec un mari brutal qui la viole plusieurs fois par jour, et qui assiste sans bouger à l’humiliation puis la liquidation de ses voisins juifs, qu’elle n’aime pas, conformément à l’ambiance générale. Elle aura cependant le courage, après leur assassinat, de quitter sa maison et son village. C’est le début d’une errance pour cette femme qui trouvera de l’aide auprès d’autres femmes, qu’elles soient paysannes, prostituées, aubergistes … Absolument magnifique. "


Hommage à Roselyne Bachelot

Philippe Meyer, créée le 22-05-2022

"J’aimerais rendre hommage à l’action de Roselyne Bachelot à la tête du ministère de la Culture.. Mme Bachelot est venue à ce micro avant d’être ministre, et plusieurs fois à nos émissions en public, tout le monde sait donc qu’elle entretient avec cette émission d’anciennes relations d’amitié. Je suis personnellement très attentif depuis longtemps à ce qui se passe au ministère de la Culture, et je dois dire que cela faisait longtemps qu’on y espérait quelqu’un capable de traiter les problèmes de fond, comme la question des droits d’auteurs ou des défis du numérique, tout en étant à la fois capable de tenir tête à d’autres ministères. On n’imagine pas ce qu’a été la bataille pour soutenir le monde du spectacle vivant pendant la crise sanitaire, pour permettre que les industries culturelles et les théâtres continuent de vivre…Certains, parmi les plus intéressés par ce sauvetage l’ont imaginé si peu qu'ils se sont revêtus de gilets jaunes de grands couturiers pour aller crier famine à la soirée des César … Le travail accompli par la ministre sortante demande de connaître parfaitement les rouages de l‘Etat et de l’administration, ainsi qu’une solide détermination politique. Rien de tout cela n’a manqué à Mme Bachelot, pas plus que le flair quand il s’est agi des nominations, au Festival d’Avignon, au Louvre, à Orsay, à Beaubourg …"


Autoportrait aux fantômes

Philippe Meyer, créée le 15-05-2022

"Je voudrais recommander un livre d’une particulière poésie. Le 16 novembre 2017 l'expression nègre littéraire a été officiellement bannie de notre langage au profit de prête-plume. Les Anglais et les Américains disent ghost writer : écrivain fantôme. On peut, et c'est mon cas, préférer cette seconde appellation. Didier Blonde a été à un moment de sa vie écrivain fantôme. Aujourd'hui il est devenu écrivain de fantômes. Habitués des longues errances sans boussole dans Paris et à des associations d'idées floues ou plutôt à des associations d'idées fixes floues, il orpaille les souvenirs, collectionne les absences, retrouve ceux et ce qui ont et qui a disparu, hommes, femmes, rues, immeubles, il fait sortir des actrices de la pellicule, il s'interroge sur ce qui est immuable et sur ce qui est fugitif, il se tient à la lisière des deux, dans un no man’s land qu’il repeuple et qu’il invite à repeupler à sa suite, chacun d’entre nous avec ses fantômes personnels et ceux qu’il découvrira ou qu’il imaginera en suivant l’exemple de Didier Blonde."