"Je voudrais évoquer des textes de Thérèse Delpechqui m’ont été recommandés par un haut gradé de l’armée française. C’était une personnalité extraordinaire, qui lorsqu’elle se trompait ne faisait pas les choses à moitié, pas plus que quand elle avait raison. Elle a publié ce livre, dont je vous lis deux extraits. « Vingt ans, c'est la période dont la Chine a besoin pour moderniser son armée. A cette date (2025), ses ambitions régionales pourront voir le jour et il sera trop tard pour les arrêter. La Chine ne se contentera pas d'un rôle regional, contrairement à l'Europe d'aujourd'hui. Elle se prépare à remplacer l'URSS dans son rôle de superpuissance face aux Etats-Unis et elle met beaucoup d'intelligence et de détermination dans cette entreprise. Si en 2025 le monde fait face à une Chine autoritaire, économiquement prospère et qui a le bénéfice de 30 ans de croissance de son budget militaire à un rythme annuel de 10% en moyenne - les réformes économiques permettant de financer la modernisation de l'armée - on ne pourra plus exercer la moindre influence sur elle. » Et sur la Russie : « La Russie est entrée dans une phase d'auto-destruction qui tient à la médiocre qualité des élites au pouvoir et à la dépression profonde qui a suivi l'échec des années 1990, mais peut-être aussi aux effroyables tragédies du siècle passé. Celles-ci ont des témoins dans chaque famille et le retour de l'imagerie stalinienne ne peut guère être interprété comme un simple désir de retour. L'esprit de revanche est le symptôme d'un pays traumatisé, en pleine phase de régression, prêt non à récupérer sa zone d'influence mais à perdre ce qui lui reste, avec des poussées d'agressivité impuissante. Il ne suffit plus d'inspirer la peur pour reconstruire un Etat fort. Les méthodes Andropov ont été celles d'une fin de règne et leur retour fournit une image supplémentaire du caractère réactionnaire du régime en place à Moscou. Elles peuvent broyer les contre-pouvoirs, mais ne produisent que de la destruction. La Russie est dirigée par la partie la plus imprévisible et la plus corrompue des services spéciaux. Ce qui constituait leur élite, plus éclairée et plus ouverte au monde, est écarté du président qu'elle méprise. Les services russes qui détiennent le pouvoir ont, eux aussi, connu une forme de décadence. L'urgence politique est de reconnaître la fin de l'empire et celle d'« un chemin particulier » de la Russie […] Mais l'idée même de démocratie étant associée dans la population russe aux privatisations sauvages et à la corruption de l'ère de Boris Eltsine, les rêves d'empire ne se sont pas effondrés, la désagrégation se poursuit et la catastrophe russe n'est pas encore achevée. »"